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 Annexe: Histoire du Corbeau

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Takeru
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Takeru


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MessageSujet: Annexe: Histoire du Corbeau   Annexe: Histoire du Corbeau Icon_minitimeMer 13 Juin - 22:23

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Lettre du maire du village



« 8 septembre 1841

Jamais ce monde ne comprendra ce sentiment désespéré que nous ressentîmes il y a une semaine ou deux, peut-être même trois, je ne sais plus. Mes journées ne sont plus les mêmes, j’ai perdu toute notion du temps. Et j’ai sans cesse tenté de trouver une solution, mais semble-t-il que nous ayons tous été condamnés.

Je sais que mes états d’âmes vous semblent pathétiques, qu’ils ne peuvent qu’implorer votre pitié. Or, j’ai ce besoin violent de raconter ce qui s’est passé. Que vous me croyez ou non, ça m’est égal. Je veux juste pouvoir relire ce qui suit, pour ne rien oublier, car avec le temps, la mémoire nous fait défaut, et mon éternité, elle sera longue, trop longue…

Je m’appelle Antonio. J’ai été pendant sept ans le maire d’un village qu’on appelle aujourd’hui « Sonno Disturbato ». Je l’aimais, ce petit coin de paradis. Les gens là-bas formaient tous une solide famille, et la région en tant que telle était des plus envoûtantes. Pourtant, comme dans tous les plus beaux rêves, ça s’est mal développé. En effet, quelqu’un est venu briser notre quiétude.

Il est arrivé un matin du mois de juillet par le boisé près du lac. Dieu seul sait d’où il venait. Il est resté quelques minutes sans rien faire, puis il est reparti, parait-il. Le lendemain, sa piètre maison commençait à s’ériger.

Au début, j’avais du mal à croire ce que me racontaient les citoyens. Ils disaient qu’il était étrangement vêtu et qu’il parlait une langue étrangère. Aussi s’écoutaient-ils tous inventer de nouvelles rumeurs sur lui. Je ne savais pas pourquoi on le méprisait autant; peut-être était-ce parce que nous n’étions pas habitués aux inconnus, et que cet homme, pour empirer la situation, ne semblait pas sociable.

Je croyais alors que mon devoir, en tant que maire, était de régler ce conflit sans queue ni tête. C’est pourquoi je décidai de me rendre chez lui, simplement pour discuter.

Cela faisait déjà quelques temps que sa maison était achevée. Elle se trouvait à l’entrée du boisé, près du même lac où nous le vîmes la première fois. Une chose que je notai était un attroupement d’oiseaux noirs sur le toit. Je marchai jusqu’à la porte. Ne voulant point perdre de temps, je cognai trois coups. Pas de réponse. J’aurais voulu l’interpeller, mais le mystère qui planait autour de cet homme allait jusqu’à ce que nous ignorions son nom. Peut-être n’était-il tout simplement pas chez lui. L’idée me traversa l’esprit de pénétrer à l’intérieur, ce que je fis. J’avais besoin de prouver à tout le monde que ces histoires lugubres qu’on racontait sur lui n’étaient que des balivernes. Comme je me trompais…

Quand je suis entré, la pièce (car il m’a semblé n’en voir qu’une seule) puait tellement que mes yeux piquaient, et ma vision s’en trouva réduite. Je mis une main sur ma bouche pour pouvoir mieux respirer. Encore ne m’étais-je pas habitué que la scène m’explosa en pleine figure : sur le sol gisaient des animaux morts, chacun portant une marque étrange que je ne saurais reproduire. Le terrifiant spectacle ne s’arrêtait pas là, car l’homme était bel et bien là, assis par terre au milieu de ce que je crois qu’on appelle un « pentacle ». Je balbutiai quelques excuses pour mon intrusion mais il ne répondit rien. Il ne me regardait même pas en fait, car ses yeux étaient clos. Sans même le vouloir, j’ai reculé de quelques pas. Il régnait dans cette maison une ambiance malsaine et vertigineuse. L’homme ouvrit brutalement les yeux, et c’est dès lors que je ressentis une douloureuse sensation à la tête. La souffrance s’éparpilla comme un poison dans tout mon crâne et je fus contrait de sortir. À peine venais-je de franchir le seuil de la porte que cette dernière se referma sur moi et que je fus projeté vers l’arrière. Sur le sol, je restai immobile un long moment…

Lorsque je suis revenu chez moi, sous les regards à la fois interrogatifs et apeurés de ma femme et mes enfants, j’ai chargé mes fusils. Je n’avais pas peur de cette « chose », seulement j’avais conscience qu’il était une menace. Et lorsqu’un animal de la région était « menaçant », on le tuait.

Jusqu’à un certain moment, je n’ai pas voulu divulguer cette histoire. Mais le fait que tout le monde se confiait tout me fit céder. Sans doute que mon statut social avait influencé les gens à me croire. La confirmation avait été faite aux yeux de tous, et je voyais de jour en jour évoluer notre haine envers cet homme des plus étranges. Pourtant, les semaines passèrent, sans que rien ne se passe. Non pas que nous acceptions son existence, mais nous n’osions pas entreprendre quoi que ce soit. Moi, j’étais prêt à me battre, mais pas seul, et puis personne ne savait vraiment ce dont il était capable.

C’est par la bouche de mes enfants que j’entendis son surnom la première fois. Ils l’appelaient « Le Corbeau ». Les oiseaux sombres le suivaient comme leur chef. On disait de lui qu’il était de leur espèce, ce qui expliquerait le néant de son regard. Les enfants avaient commencé à fuir les oiseaux noirs, apeurés que le sorcier ne leur jette un sort. C’était enfantin mais au moins, on pouvait clairement parler de lui. Alors on lui attribua ce surnom.

J’en viens à la partie importante de cette histoire. Ce que vous avez lu auparavant n’est qu’un prélude à notre malheur. Oui, j’en viens à ce jour où nous avons été perdus à jamais.

Un mois venait de s’écouler depuis son arrivée. Un mois, pendant lequel je n’avais pas fermé l’œil. Un mois, que nous nous sentions mal à l’aise. Un mois, que les cieux nous avaient abandonné. Je parlais avec insouciance à l’un de mes voisins. Nos récoltes n’étaient pas des plus fructueuses, en ce moment, et de nombreuses personnes venaient me faire part de leurs inquiétudes. Vous vous doutez bien que l’on porta la faute sur le Corbeau. Bref, ce cher voisin me racontait sa misère alors que je ressentis cette même sensation malsaine de vertige. Un mauvais pressentiment s’éveilla en moi et je me rappelai que mon plus jeune fils jouait derrière la maison. Sans plus de réflexion, vous comprendrez que je me suis tout de suite mis à courir. Quelque chose me disait qu’il arriverait malheur, et j’ai suivi mon instinct.

Lorsque j’arrivai, déjà les pires scénarios s’étaient formulés dans ma tête : il l’a tué, il le fait souffrir, il l’a enlevé, il l’a touché… Puis la vérité se fit connaître; IL était là, tout près de lui. Mon fils serraient contre lui une peluche et fixait l’inconnu qui rôdait dans notre arrière-cour. J’ai sorti un revolver et je l’ai braqué sur l’homme. « Va t’en, ou tu n’es plus de ce monde! » lui dis-je en avançant. Mon garçon avait eu l’automatisme de s’éloigner, ce qui me rassura. Mais le démon, lui, restait là. Il me défiait de son regard de ténèbres de tirer. Croyez-moi que ce n’était pas l’envie qui manquait. Je ne tolérais pas sa présence diabolique près du village, et encore moins chez moi. Et c’était peut-être la seule chance que j’avais de le liquider. Alors j’ai appuyé sur la détente. Oui, j’ai voulu l’assassiner, et vous n’avez aucune, je dis bien « aucune », idée à quel point je le regrette. Car lorsque la balle fut projetée, il mit fin à sa trajectoire par une force occulte; la balle était maintenue dans les airs et tournait sur elle-même à une vitesse folle. Pendant plus ou moins cinq secondes, il semblait s’amuser de ce petit jeu, puis l’objet reprit son cours dans une autre direction. J’aurais préféré qu’elle soit dirigée contre moi-même plutôt que la cible qu’il avait choisie. Oui, c’est mon fils qui la reçut. En pleine tête. Mon effondrement était tel que j’en perdis connaissance…

Le voisin avec lequel je discutais ce jour-là avait tout vu de cette scène. J’étais encore endormi lorsqu’il organisa une véritable chasse au sorcier. Cet évènement des plus tragiques avait bien entendu soulevé un vent déchaîné de colère et de tristesse; j’avais perdu mon fils cadet, et jamais je ne lui pardonnerai, ni à moi d’ailleurs.

C’est pourquoi j’ai voulu être aux premières loges de son exécution. Un groupe d’une vingtaine d’hommes l’avaient enlevé, battu et attaché. Quand ils sont arrivés sur la place publique, clamant l’imminente pendaison du « Corbeau », tout le village était rassemblé autour d’une plate-forme pour les exécutions. J’étais à l’avant, et je regardais le condamné à mort se faire traîner par terre. Finalement, on lui mit la corde au cou. Ses yeux étaient bandés et on avait horriblement cousu sa bouche, sans doute par peur, ce qui dégoûta certains. Moi, j’étais ravi. Ravi de savoir qu’il eut mal, ravi de voir mes villageois affronter le seul être qui n’ait jamais semé autant d’inquiétude, ravi de constater que nous avions une emprise sur lui. Nous allions le tuer, et j’étais excité à l’idée de le voir se tordre en tous sens pour tenter de respirer, lorsqu’on aura abaissé le levier qui le conduirait directement en enfer.

Puis, alors que la foule était à son comble, on entendit le grincement strident des pentures : ça y est, le levier avait été actionné. J’ai vu le corps tomber par une trappe dans le plancher, puis se tendre sèchement en produisant ce bruit de craquement écoeurant. Et en entendant ce son morbide, j’ai poussé un long soupir en fermant doucement les yeux. J’éprouvai une sorte de soulagement, c’était fini, vengeance était accomplie. Et elle avait été si vite faite… C’était tellement facile… D’ailleurs, je commençais à me dire que ça été bien trop facile… En effet, comment se faisait-il que le Corbeau n’ait manifesté si peu de résistance? Il m’avait bien repoussé comme une poupée de chiffon… Je regardai le cadavre qui se balançait encore et m’avançai. Je n’étais pas convaincu qu’il était mort, c’eut été vraiment trop… « normal »? Tremblant, je m’approchai du corps davantage, puis, j’ai retiré le bandeau qui lui cachait les yeux. Ils étaient tout aussi affreux qu’avant : deux profondes abysses, sans éclat ni blanc autour des yeux. Comme ils étaient déstabilisants… J’ai mis ma main sur le cou du pendu pour en tâter le pouls, et c’est là que je vis un œil cligner. J’ai reculé en fixant le supposé mort, effrayé. Médicalement, j’avais eu le temps de vérifier : il était bel et bien décédé! Les autres n’avaient pas encore compris ma réaction, jusqu’à ce que le démon bouge la bouche, comme s’il tentait d’arracher les fils qui reliaient ses lèvres et l’empêchaient de parler. Ce qu’il disait était encore incompréhensible, mais je crus discerner des bribes de mots italiens. J’arrêtai de réfléchir, de me poser des questions. Tout le monde s’était tu, complètement paralysé. D’un seul coup, le sorcier ouvrit la bouche et les fils traversèrent sa chair en laissant couler abondamment le sang. Les gens commencèrent à crier et à se sauver, alors que je m’étais laissé tomber sur le sol en terre, à peine cinq mètres devant le démon. J’étais incapable de bouger un seul orteil, mais surtout, j’avais cette douleur insoutenable à la tête. Puis c’est alors que je l’entendis… D’une voix inhumaine, il parlait à grande vitesse. Et pourtant, nous avons tout compris, et chacun d’entre nous, au village, se rappelle encore par cœur de ce qu’il nous dit à ce moment :

« Vous, habitants,
Devenez souffrants,
Autrefois joyeux,
A présent ténébreux,
Errant dans d'atroces souffrances,
Succombez à la décadence,
Ne connaissant que la mort charnelle,
Privés du repos éternel… »


Déjà, nous sentîmes qu’il se produisit quelque chose en moi et que j’avais perdu une partie de mon existence. Un sentiment intense de confusion et d’instabilité… J’ignorais ce que le sorcier m’avait fait, je me sentais étrange, certes, mais je réalisai que les autres jetaient des regards inquiets ou restaient pétrifiés. Je n’étais pas le seul… Un homme costaud mit le feu au cadavre qui ne s’animait plus.

L’odeur du feu s’était répandue sur toute la place publique et les cendres continuaient de voltiger dans les airs; on les voyait malgré la pénombre. On regardait silencieusement le feu qui se mourrait au centre de la place, sur la petite estrade. Tous ne bougeaient plus, se tenant droits, les yeux rivés sur ce qui restait d’un corps calciné. Notre frayeur était telle que nous en avions oublié de respirer… Car nous venions de comprendre vraiment les paroles du défunt.

Toutefois, preuve n’était pas encore faite. Au fil des jours, nous reprenions un cours un peu plus normal. Je sentais les habitants encore extrêmement nerveux et je sus que plusieurs ne trouvaient plus le sommeil, tout comme moi. J’étais abasourdi, incapable de vivre un peu. Je passais des jours sans même manger une seule miette; je n’en voyais plus l’utilité. Je savais que le sorcier nous avait fait quelque chose, j’en étais persuadé. Je me sentais différent, alors que d’autres, qui n’avaient pas assisté à l’exécution, restaient sceptiques. Je me tenais informé du pouls du village par de bons amis qui étaient encore compatissant avec moi, à cause de mon fils.

Puis, il y a quelques semaines, nous avons eu la confirmation qu’il se passait des phénomènes étranges au village. On rapportait du tapage nocturne, des portes qui s’ouvraient la nuit, des objets qui tombaient par terre d’eux-mêmes, une sensation d’être observé ou d’avoir froid alors qu’on est près du poêle, des formes allongées de brouillard, des voix, des chiens aboyant en fixant le vide… Mon fils aîné disait qu’il voyait des gens emprunter le chemin du cimetière la nuit. Et pourtant, je sais bien que personne ne s’aventurerait dehors la nuit, encore moins dans ce lugubre endroit. C’était effrayant, tout le village était effrayant. Peu à peu, les gens racontaient avoir vu des formes vaporeuses se déplacer chez eux, d’autres disaient carrément qu’ils avaient vu un intrus dans leur chambre… Et donc, petit à petit, nous avons tous compris, lorsque nous arrivions à voir clairement, ce qu’étaient ces « choses », des manifestations d’esprits et des fantômes. Et nous avons également réalisé ce qu’était notre malédiction : lors de notre mort, nous mourrons physiquement, mais notre âme erre sur Terre pour l’éternité, selon les dires du Corbeau.

Nous allons tous y passer, et ne jamais trouver le repos. Nous ne serons jamais apaisés, et notre solitude sera si grande que nous mépriserons les vivants, qui ne vivent que superficiellement, sans but ni saveur. J’aurais dû vivre tous les jours comme les derniers; faire l’amour à ma femme, serrer mes enfants dans mes bras en leur transmettant mon savoir, être généreux envers n’importe qui, manger les mets qui me plaisent, humer le parfum des roses, danser jusqu’au lendemain matin… J’aurais tant dû, avant de partir. Je ne suis plus aussi jeune que lorsque j’ai demandé la main de mon épouse, je perds peu à peu mes cheveux, blancs. Je vois cette étincelle dans mes yeux qui s’estompe, qui signifie que ma flamme va s’éteindre, et dessus souffle un vent mortel, qui souffle encore sur chaque de nous pour nous irriter, pour nous rappeler que l’ère des souffrances approche… »


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